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Hydrocéphalie
Lhydrocéphalie définit la dilatation des ventricules cérébraux engorgés de liquide cérébro-spinal sous tension, les lésions parenchymateuses - souvent irréversibles - résultent d'un vice de développement anténatal ou des effets d'une hypertension intracrânienne décompensée.
Dynamique du LCR
Le LCR issu des ventricules latéraux sévacue vers les espaces sous-arachnoidiens où a lieu sa resorption dans les sinus veineux. Ce trajet comporte trois goulots détranglement: les trous de Monro, celui de Magendie et lacqueduc de Sylvius.
Selon la conception classique,
le LCR est un produit de sécrétion des plexus choroïdes, sa circulation est
liée au rythme de son renouvellement, et sa résorption se fait principalement
à travers les villosités arachnoïdiennes
1 qui pénètrent
le sinus veineux longitudinal.
Cependant, les études portant sur la physiologie de la barrière hémo-méningée
2
et sur l'oedème cérébral ont nuancé ce schéma trop mécaniste.
* On admet actuellement que la production du LCR
3 est multifocale,
à lorigine plexuelle qui représente la principale source sajoute
un volume dappoint qui proviendrait du revêtement épendymaire, des capillaires
corticaux et surtout du secteur interstitiel intra-parenchymateux.
* Il en serait de même pour la circulation, le circuit intra-ventriculaire
dont la fluidité est assistée par le pouls vasculaire et les fluctuations de
la pression intracrânienne est doublé d'une voie secondaire à travers
lépendyme et le parenchyme faisant communiquer, dans les deux sens, cavités
ventriculaires et espaces sous-arachnoidiens ( ESA ) 4
.
* Etant donné la rareté de ces formations villositaires à la base
du crâne, et du fait qu'elles sont très peu fonctionnelles chez lenfant,
la résorption du LCR emprunterait dautres voies, principalement lymphatiques,
bien développées au sein des manchons méningés entourant les troncs nerveux,
ainsi que les espaces péri-vasculaires.
Physiopathologie
* La pression intracrânienne se situe normalement entre 40 & 110 mm H2O, les pics tensionnels induits par le sommeil paradoxal, leffort, la toux , sont modulés et amortis par de nombreux mécanismes adaptatifs dont la plasticité du parenchymes et des espaces qui l'entourent.
* Lhypertension en cause est dorigine intracrânienne, elle peut être induite par une production
liquidienne excessive, éventualité rarissime chez l'enfant. Elle est souvent
le fait d'une obstruction du trajet emprunté normalement par le LCR; elle serait
enfin le reflet d'un hypothétique ralentissement du processus de résorption.
Lhypertension
intracrânienne, née au sein des ventricules, se transmet aux espaces sous-arachnoidiens
qui en se dilatant protègent le parenchyme des effets compressifs. Un autre
moyen d'adaptation est réalisé par la disjonction des sutures et laugmentation
du périmètre crânien chez le tout petit. Mais à la longue ces processus adaptatifs
s'épuisent, ouvrant la voie à la dilatation des cavités ventriculaires.
* La distension ventriculaire
constitue le moment critique du développement de lhydrocéphalie.
Le refoulement centripète des parois épendymaires écrase le parenchyme qui prend
progressivement laspect dun ballon, comprimant à son tour les formations
périphériques
( ESA, capillaires 5
, endocrâne
). C'est l'amorce de lischémie cérébrale précédée par
ldème qui étouffe la substance blanche juxta-épendymaire, la plus
exposée à la compression, symptômes décelables sur des images d' IRM. C'est à ce niveau
que se développe la dégénérescence de la névroglie, la démyélinisation des fibres,
la cavitation parenchymateuse après dislocation de la barrière épendymaire,
les neurones perdent leurs granulations et se vacuolisent, les synapses s'amenuisent,
A
lextrême, la dilatation ventriculaire lamine le parenchyme au point de
réduire son épaisseur 6
à quelques mm. Seules les structures basales ( diencéphale, hypothalamus
) irriguées par les artères perforantes sont momentanément épargnées.
En résumé, trois étapes marquent le développement de l'état d'hydrocéphalie:
- Stade 1: Engorgement des ESA avec ou sans rélentissement de la résorption. C'est le satde de d'adaptation active.
- Stade 2: Distension ventriculaire
- Stade 3: Hypertension intracranienne, infiltration oedémateuse du parenchyme & ischémie.
On est ainsi amené à définir lhydrocéphalie par deux critères : il s'agit du développement d'une dilatation ventriculaire sur un fond dhypertension intracranienne.
On doit par conséquent exclure de ce cadre toute entité comportant une structure lacunaire ( porencéphalie 7 ), toute dilatation despace anatomique préformé en l'absence d'HIC ( hydranencéphalie 8 , atrophie cérébrale 9 ), ainsi que ce qu'on a tendance d'appeler Hydrocéphalie passive ou à pression normale.
Aspects anatomo-pathologiques
* Le blocage de la circulation du LCR définit l'hydrocéphalie obstructive. Lobstacle se situe habituellement aux goulots détranglement, il peut être anatomique ou fonctionnel et se manifester sous de multiples aspects:
* Les voies de circulation
du LCR sont libres dans lhydrocéphalie dite communicante. Il est
probable que le trouble, de nature indéterminée, porte sur le processus de résorption.
Lhypothèse d'un ralentissement reste à prouver.
La revue d'une de notre série de 132 cas dhydrocéphalie donne une idée de la fréquence des différents aspects observés dans notre milieu:
- un cas sur deux est de type communicant ,
- on note l'association à une neurodysraphie dans le tiers des cas
( 38 myeloméningocèles & 4 encéphalocèles ),
- 8 cas de tumeurs de la fosse postérieure,
- 3 compressions par kyste hydatique, et
- 4 cas post-méningitiques.
Aspects Cliniques
* Il est rare que la famille sinquiète dune macrocranie qui est assimilée dans bien de milieux à un signe dintelligence. Bien des cas n'ont été pris en charge qu'au stade de monstruosité ou à l'extrême quand l'énorme tête, tel un boulet, entrave l'enfant.
En fait, la consultation est suscitée par des symptômes évocateurs dune HIC : irritabilité, changement dhumeur, endormissement, hypotonie, voussure ou persistance de la fontanelle, asymétrie cranienne, parfois pour un strabisme plus ou moins fugace, un signe de coucher de soleil, ou une crise convulsive.
Mais il sagit
parfois dune hydrocéphalie latente, masquée par lexistence dune
encéphlocèle ou dune myéloméningocèle.
Lhypertension intracrânienne sous-jacente, ignorée ou négligée, se manifestera
plus tard de manière dramatique au décours de la cure de ces impressionnantes anomalies.
* Enfin,elle sera évoquée en présence d'un état neurologique ( ventriculite,
méningite tuberculeuse, hémorragie ventriculaire néonatale ), neurochirurgical
ou traumatique. Dautres fois, on est orienté par l'incidence de cas familiaux,
ou par découverte fortuite lors de suivi obstétrical.
* Le bilan physique prend note du périmètre crânien 13
, des dimensions de la fontanelle, du degré de déhiscence des sutures ;
on recherche les stigmates de souffrance cérébrale, dun déficit.. Il est
important de considérer l'autonomie de lenfant, son QI, le degré de débilité...
* Les progrés de limagerie médicale ont considérablement simplifié les
investigations radiologiques qui gagnent à se limiter à léchographie transfontanellaire
jusquà lâge dun an, et à la tomodensitométrie comme moyen
de diagnostic et de suivi chez lenfant plus âgé, les renseignements apportés
par ces deux types dexamens sont suffisamment exploitables en ce qui concerne
les effets de l' HIC qui constitue l'urgence et rendent lusage de la résonance
magnétique superflu.
Echo.
Coronale/ H. post-méningitique |
TDM/ Sténose de l'aqueduc | Abcès | Tumeur de la fosse postérieure |
L'imagerie à contrastes ( ventriculographie, angiographie ) restent très utiles pour l'identification de certaines étiologies ( malformations vasculaires, pathologie tumorale ). Il en est de même pour les examens neurophysiologiques ( EEG, potentiels évoqués, enregistrement continu de la pression intracrânienne )
Moyens Thérapeutiques
La thérapeutique a pour
objectif immédiat de lever lhypertension intracranienne qui étouffe le
parenchyme cérébral, le traitement de la cause déclenchante - si elle est éventuellement
reconnue - sera entrepris plus tard.
La neutralisation de lhypertension est réalisable par drainage du LCR
vers des sites où il pourra être résorbé sans entrave. Ce drainage liquidien
est réalisable de deux manière selon quon utilise ou non un matériel de
dérivation.
1- La mise au point de matériel à base de silicone a réduit considérablement la morbidité de l'implantation de longue durée d'un système de dérivation 14 .
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2- Les modalités de dérivation
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*La canulation de lacqueduc de Sylvius en vue de rétablir la circulation entre III° & IV° ventricules est une intervention majeure et disproportionnée étant donnée les moyens de dérivation plus simples.
* Il en
est de même de la dérivation établie entre les ventricules latéraux et la
grande citerne, mise au point par Torkildsen en vue de contouner les obstacles
situés en amont du IV° ventricule. |
* La dérivation ventriculo-périphérique évacue le LCR vers un site de résorption tels loreillette droite, la plèvre, le péritoine, la vésicule biliaire...
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- Le potentiel de résorption de la séreuse vésiculaire, très développé, fait de cette annexe biliaire un site de choix quand la cavité péritonéale nest pas utilisable.
- Le drainage lombo-péritonéal, évacue le LCR à partir du cul de sac rachidien. Il nest utilisable quen cas dhydrocéphalie communicante et quand les ventricules ne sont pas exploitables.
- La dérivation ventriculo-amniotique entre les 20° & 32° semaines, utilise le cathéter de Newkirk qu'on place à travers une ponction périéto-fontanellaire.
3- Enfin, la dérivation ventriculaire externe permet de drainer le LCR infecté, hémorragique ou riche en albumine, en attendant le moment de la transformer en dérivation ventriculaire périphérique.
Les suites de la dérivation ventriculo-péritonéale
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Cependant, l'implantation de tout système mécanique expose lenfant tôt ou tard à des troubles liés à la présence de ce corps étranger quelle que soit sa qualité. Aussi sera-t-on appelé souvent à revoir le fonctionnement de la dérivation et à la remplacer pour drainage excessif, disfonctionnement , infection ou intolérance.
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La prise en charge dune hydrocéphalie
a pour principal objectif de neutraliser le plus tôt possible lhypertension intracranienne par drainage du LCR, sans se préoccuper de la cause qui a initié la distension ventriculaire.
1- Plusieurs éventualités sont à considérer :
2- En cas de blocage du système, on commencera par vérifier:
3- Le matériel siliconé non toléré est retiré et remplacé par un système à base de polyuréthane et couvert par l'association d'antibiotiques & de corticoïdes.
4- Le shunt idéal capable de réguler le drainage pour tous les cas est irréalisable.
5- Enfin, outre la ''révision du système de dérivation'', la dépendance qu'il crée constitue lautre préoccupation du médecin et de la famille. On n’est pas encore en mesure de savoir quand la stabilisation est définitive pour débarrasser l'enfant de son implant, le risque d'une décompensation est réel. Aussi, est-il sage de maintenir tla dérivation t ant qu'elle est tolérée et de n'envisager sa suppression qu'après la puberté.
Facteurs Pronostiques
il est difficile de se prononcer
en l'absence de données fiables afin d'être en mesure dinformer
objectivement la famille sur le devenir probable de leur enfant.
* on admet généralement que le degré de débilité résiduelle est lié à lépaisseur
du parenchyme cérébral, bien qu'on ait rapporté des cas de QI excellent malgré
un parenchyme réduit à quelques mm.
* Le site de lobstruction ne semble pas influencer le devenir immédiat
de lenfant, si l'HIC est correctement neutralisée.
* Par contre, lhydrocéphalie congénitale est de mauvais pronostic en raison
de sa nature malformative. Il en est autrement de l'hydrocéphalie associée à
une méningocèle dont le sac a constitué durant toute la vie foetale une chambre
de décompression.
* Le pronostic des hydrocéphalies développées sur terrain prématuré, sur méningite
tuberculeuse, ou liée à une parasitose ( toxoplasmose, hydatidose ) est à
la mesure des séquelles sensorielles.
* Le temps de latence précédant la dérivation est un élément pronostique déterminant.
En effet, l' hydrocéphalie traitée dans le cours des trois premiers mois de
son évolution est susceptible de laisser très peu de séquelles.
* Enfin le nombre de réinterventions et de vérifications du système de dérivation
intervient évidemment dans la morbidité du mode de drainange.
Il est intéressant au terme de cette étude de rappeler les conclusions de la Conférence consensuelle de la Société Internationale de NeuroChirurgie Pédiatrique tenue à Assisi - Italie en 1992.Il sagit dune étude pluricentrique dont on na retenu que deux critères pronostiques :
la survie à 10 ans et le QI > 80. appliqués à un échantillon de 100 cas d'hydrocéphalie sans distinction.
On note que:
C'est-à-dire qu'en matière de prise en charge de l'hydrocéphalie dans des conditions optima, un enfant sur deux sera stabilisé, sinon guéri. Cest un résultat encourageant quand on sait que durant les années 50, un enfant sur dix entrait dans cette catégorie.
- 15 enfants ont décédés, ,
- 42 mènent une existence normale,
- 16 ne sont pas scolarisables bien quils soient autonomes,
- 27 sont dépendants en raison de leur débilité.
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