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LENTEROCOLITE NECROSANTE
L'Entérocolite nécrosante
(ECN) est une forme de fragilisation des parois du tube digestif propre à lenfant.
La plupart des cas se recrutent parmi les prématurés et les nouveau-né pris
en charge dans les unités de soins intensifs. La difficulté de reconnaitre les
stades de début, les seuls susceptibles d'être contrôlés, fait de cette affection
un des défis des plus redoutables en matière de néonatalogie, la mortalité relevée
dans bien des Services atteindrait 80%.
1- Lorigine et la signification du processus aboutissant
à la nécrose de lintestin ne sont pas totalement élucidées.
On a tout dabord évoqué les effets d'une ischémie prolongée portant principalement
sur l'iléon terminal et le colon, conséquence d'une vasoconstriction des vaisseaux
mésentériques . Des facteurs qui seraient liés à ce trouble de la vasomotricité
ont été répertoriés, tels:
* la souffrance anténatale, lhypoxie
1 , lexsanguino-transfusion
2 , le cathétérisme de lartère ombilicale, la stase veineuse
due à une occlusion ou à une entérite, la pullulation bactérienne, lallaitement
précoce au lait de vache complet...;
* la littérature fait état, d'autre part ,de cas induits par leffet vasomoteur
de certains médicaments, comme la Théophylline administrée en
prévention dun accouchement prématuré, ou lIndométacine prescrite
pour activer la fermeture du canal artériel.
Cependant, il faut bien reconnaitre que tous les prématurés ou les nouveau-nés
en détresse et soumis aux mêmes conditions ne développent pas fatalement une
ECN. Un tel drame physiologique serait la conséquence de l'intrication des effets
de plusieurs des facteurs signalés plus haut avec ceux liés à l'immaturité et
à l'état d'hypoxie préexistants. * * Les études épidémiologique effectuées sur
de larges séries font ressortir le rôle de la muqueuse digestive du prématuré
qui a tendance à se comporter - dans un environnement hypoxique - comme une
membrane perméable aux germes, à leurs toxines et aux médiateurs de linflammation
issus de la fermentation du contenu intestinal.
2- Quoiquil en soit, les lésions anatomiques qui en résultent
sont variables.
* Elles peuvent rester limitées ou même cicatriser, donnant lieu à des remaniements
à type de sténose ou d'atrésie iléales.
* On a rapporté des cas, assez rares, où on ne découvre qu'un abcès cloisonné,
une mésentérite ou un appendice gangrené, conditions qu'il convient de considérer
chez le nouveau-né comme des aspects mineurs d'une ECN.
* Dautres fois, la fosse iliaque droite est occupée par un plastron organisé
autour d'une ou de plusieurs perforations iléales, cæcales ou coliques.
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3-
Cliniquement, on a lhabitude de décrire des tableaux bien contrastés:
* La phase diléus faite de distension abdominale, de vomissements et démission
de selles glaireuses et nauséabondes, rapidement masquée par
* le développement dun syndrome toxique ( lethargie, hypotonie, hypothermie,
apnées et laggravation des symptômes digestifs ( vomissements bilieux,
selles sanglantes, infiltration œdémateuse de la paroi abdominale...),
cet état de choc septique peut être dissue fatale m ême en labsence
de perforation.
* Le stade ultime de péritonite stercorale est cliniquement le plus évocateur
dune ECN. Linfiltration de la paroi abdominale par lœdème
et par des plaques scléro-erythémateuses est le reflet de linondation
de la cavité abdominale par le contenu intestinal.
En pratique, lintrication des symptômes cliniques sur un fond de détresse
préexistante ne sexprime pas par cette succession détats évolutifs
aussi tranchés; ce n'est qu'au stade péritonéal que les symptomes chirurgicaux
de l'ECN prennent le devant de la scène et incitent à intervenir, et ce, dans
des conditions des plus dramatiques quun chirurgien puisse rencontrer.
Aussi, la seule attitude qui mènerait au diagnostic d'ECN avant le développement
de létat pré agonique consiste à en évoquer à tout instant l'éventualité
chez tout prématuré, chez le nouveau-né à risque ou en état de détresse, et
à rechercher plusieurs fois par jour les signes précurseurs dune perforation.
A cet égard, le concours de limagerie médicale est primordial, car les
signes radiologiques précédent la symptomatologie clinique.
4- Le bilan radiologique, répété souvent,
ne nécessite quun cliché dabdomen sans préparation, dont linterprétation
doit être concentrée sur la fosse iliaque droite, aire de prédilection du processus
morbide (a).
Lusage de léchographie a tendance à supplanter la radiographie conventionnelle
qui nécessite de laborieuses manipulations dun bébé à létat critique,
amarré à de nombreux appareils et tuyaux.
a |
b |
c |
Si les symptomes d'épanchement intrapéritonéal sont aisément reconnaissables,
il n'en est pas de même quand il s'agit de reconnaitre la dissémination des
gaz entre les tuniques de la paroi digestive.Cette pneumatose se traduit par
de très fines clartés linéaires ou en chapelet, disposées parallèlement à la
lumière intestinale, images très fugaces et variables d'un cliché à l'autre.
Plus délicate encore est la découverte de la migration de ces gaz à travers
le réseau portal, quon sappliquera à rechercher au sein de lopacité
du lobe droit du foie sous forme de fines et claires arborisations disposées
en éventail.
Par contre, lépanchement intra-abdominal dû à la perforation du tube digestif
est évident sur les clichés pris en position verticale (c). Le croissant gazeux
sous-diaphragmatique peut être réduit à son aspect classique (b). Quand il est
abondant, il refoule vers le bas les organes sus-mésocoliques qui viennent flotter
sur lépanchement liquidien sous-jacent. Le pneumopéritoine est moins net
sur les clichés pris en décubitus dorsal, sous forme dune aire gazeuse
centrale, au sein de laquelle se projettent les structures omphaliques (ligaments
falciforme, ouraque, artère ombilicale).
5- Le bilan biologique standard est de peu dintérêt,
à moins de disposer de moyens dinvestigation élaborés permettant dapprécier
létat inflammatoire qui inciterait à entreprendre une exploration
précoce (leucopénie et hypoplaquettose inflammatoires, augmentation de granulocytes
immatures et des médiateurs de l'inflammation), ou dadapter lantibiothérapie
aux germes identifiés à la culture des prélèvements.
6- La démarche thérapeutique est complexe et encore insuffisamment
codifiée, les multiples stratégies proposées sont le reflet de la controverse
pédiatres /chirurgiens quant à lindication et le moment de lexploration
chirurgicale.
Quoiquil en soit, étant donné quon ne sait pas encore contrôler
le processus de nécrose de lintestin, lefficacité de la thérapeutique
réside dans le souci den limiter les dégâts et ce, par le rétablissement
de lirrigation mésentérique, par la lutte contre la pullulation bactérienne,
et par lidentification à temps du stade évolutif contrôlable chirurgicalement.
6-1 Le suivi médical, constamment réadapté à lévolution,
doit assurer:
- un minimum de confort hémodynamique,
- le maintien de l'équilibre métabolique 3
,
- une hématose efficace,
- la lutte antibactérienne,
- la mise au repos du tube digestif, et une nutrition parentérale
4 .
Cependant, ce programme de soins intensifs na de chance daider lenfant
à surmonter sa détresse que si lenvironnement s'y prête: économie
des gestes, discipline daseptie, prévention des facteurs aggravants
tels lhypothermie 5
, la promiscuité, les manoeuvres agressives, lhygiène routinière,...
Entrepris le plus tôt possible et constamment réadapté, ce traitement médical
est souvent efficace. La littérature est riche en observations de cas dECN
avec perforation notable ayant favorablement évolué en labsence de tout
acte chirurgical.
6-2 Quel serait donc lapport de la chirurgie dans le
cadre de ce programme thérapeutique?
Nous sommes davis que tout enfant ayant développé une perforation intestinale
doit être confié au chirurgien. Ceci étant admis, il est évident que cest
létat du terrain et létendue des dégâts anatomiques qui conditionnent
limportance de lacte chirurgical, tout en étant guidé par trois
contraintes:
* conserver la valvule de Bauhin ,
* mettre au repos le segment intestinal endommagé à l'aide
d' une entérostomie damont,
* remettre à plus tard le rétablissement de la continuité
du tube digestif en cas de résection.
Il s'agit , en d'autres termes, de faire pour le mieux et
au plus juste.
6-3
* Dans le cas d'enfant moribond, lacte chirurgical
- mené sous anesthésie locale - sera réduit à la simple irrigation-drainage,
complétée si possible dune entérostomie damont,
* Quand létat physique permet un acte plus élaboré,
la laparotomie exploratrice permet de faire le bilan des lésions, de procéder
à une bonne toilette péritonéale et dentreprendre soit la résection du
segment perforé complétée par une double entérostomie, soit son extériorisation
selon le procédé de Mickulicz 6
.
* Enfin, lindication dun abord chirurgical est
difficile à poser quand on est en présence dune simple pneumatose
intestinale sans syndrome péritonéal ni embolisation portale, lexpectative
"armée" est peut-être lattitude raisonnable.