LĠarticulation du Genou
T. Alami (mise jour Janv. 2015)
Le genou est le complexe articulaire le plus
volumineux de lĠappareil locomoteur. Il est form par lĠagencement de trois
jointures : deux articulations fmoro-tibiales, et une
fmoro-rotulienne. La stabilit de lĠensemble en tant que support du poids du
sujet en position verticale est assure par la robustesse de son squelette, par
lĠentrecroisement spatial de structures ligamentaires trs rsistantes et par
une puissante musculature. Les surfaces articulaires se situent au niveau des
condyles fmoraux, des plateaux tibiaux et de la face postrieure de la
rotule, auxquelles il convient dĠassocier les mnisques. |
Fig. 01 : aspect latral du
squelette du genou |
LĠextrmit distale du fmur a
lĠaspect dĠune massue, lgrement aplatie dĠavant en arrire. Sa surface
articulaire est en forme de poulie dont la partie antrieure, dnomme trochle,
constitue un plan uni en relation avec la rotule ; par contre, la gorge de
cette poulie fait dfaut en bas et en arrire o elle est remplace par une
profonde chancrure sparant les deux condyles fmoraux qui reposent sur les
plateaux tibiaux.
Ainsi, les
surfaces articules comprennent : lĠaire trochlenne sur laquelle glisse
la rotule, et les deux aires condyliennes convexes en rapport avec les glnes
tibiales.
La frontire entre trochle et condyles
trace par deux fines gouttires dpourvues de cartilage, elles divergent
partir de la commissure inter- condylienne (Fig02) ; elles sĠadaptent
aux rebords antrieurs des mnisques quand le genou est en extension maximum.
Fig.
02 : surfaces articulaires fmoro-patellaires, aprs bascule de la rotule |
Fig.03 :
aspect postrieur des condyles fmoraux |
Fig04:
vue fmoro-patellaire |
a & aĠ :
condyles fmoraux latral &
mdial / b & bĠ : joues trochlennes lat.
& md. / r : rotule / tc : tubercule picondylien
mdial |
-
Chaque condyle
prsente dcrire une surface articulaire convexe ; une face axiale
dpourvue de cartilage, site dĠinsertion dĠun ligament crois ; une face
sous cutane souleve par un tubercule sur lequel sĠattache un ligament
collatral ; de plus, celle du condyle mdial est surmonte du tubercule
du grand adducteur, muscle de la cuisse.
-
Considr de profil, il
se continue insensiblement avec la face antrieure de la mtaphyse fmorale,
tandis que la part postrieure de son enroulement forme une volumineuse saillie
qui se dgage nettement de la surface poplite.
Le condyle mdial est plus troit, plus
long en courbure et en hauteur ; son ple distal descend plus bas dĠune
douzaine de mm par rapport au condyle latral, cette disposition rsulte de
lĠinclinaison latrale de la diaphyse fmorale.
LĠextrmit proximale du
tibia est
un segment de cylindre lgrement aplati dĠavant en arrire, form par lĠunion des deux plateaux tibiaux ; la plus
grande part de ces derniers est occupe par les glnes tibiales encroutes de
cartilage.
Elles
sont ovalaires grand diamtre antro-postrieur, elles forment lĠassise des
mnisques et les zones dÔappui des condyles fmoraux. Comparativement,
la glne mdiale est lgrement creuse et plus tendue, son grand diamtre
est plus long dĠune dizaine de mm. La
glne latrale, presque convexe, et de moindre tendue. Les
deux glnes sont spares par une surface rugueuse souleve en son milieu par
le relief des deux pines tibiales (e / eĠ) ; la position centrale de spare
les deux aires, pr-spinale (p)
et rtro-spinale (r), sites dĠattaches mniscale et ligamentaire. e & eĠ : pines tibiales mdiale &
latrale / g : tubercule de
Gerdy / m : glne mdiale mĠ :
glne tibiale latrale / p :
aire pr-spinale / r : aire
rtro-spinale / s : stylode
de la tte fibulaire t : tubrosit antrieure du tibia |
Fig05 : aspect proximal des
plateaux tibiaux |
Le
pourtour mtaphysaire porte sur sa face antrieure la forte saillie de la
tubrosit la tubrosit tibiale (t) sur laquelle sĠinsre le puissant ligament
rotulien. La berge latrale de ce relief est le lieu dĠinsertion du tractus ilio-tibial (tĠ).
Les
faces latrales sont creuses en gouttires. Quant la face postrieure, elle
est sert dĠinsertion au muscle poplit (p).
Fig.06 : vue antrieure :
T & TĠ : tubrosit tibiale & tubercule de Gerdy |
Fig.07 : aspect latral |
Fig.08 : aspect postrieur /
surface poplite du tibia |
La rotule
Os
court et plat, la rotule constitue le relief antrieur et superficiel du genou.
Il sĠagit dĠun ssamode, le plus
volumineux du squelette, qui sĠest dvelopp dans lĠpaisseur du tendon
quadricipital. Elle est enchsse dans la paroi antrieure de la capsule. Son aspect
triangulaire sommet infrieur lui fait dcrire :
-
une face antrieure, convexe et rugueuse, mobilisable sous les tguments le
genou tant au repos en extension;
-
sa face postrieure est encrote de cartilage articulaire sauf au voisinage du
sommet. Son adaptation la trochle fmorale dtermine son aspect en dos
dĠne, cĠest dire quĠelle est subdivise par une crte verticale, mousse, en
deux facettes ingales, la facette latrale tant plus large et excave. La
berge libre de la facette mdiale est sculpte par le contact avec le condyle
fmoral en flexion force du genou.
Fig.09 :
aspect antrieur de la rotule,
applique sur la trochle |
Fig.10 :
faces articulaires / rotule & trochle Noter la hauteur du condyle mdial |
-
la base est paisse, elle donne attache au quadriceps et la membrane
synoviale ;
-
le sommet ou apex, est le lieu dĠinsertion du ligament rotulien (ligament
patellaire) ;
- les bords, lgrement arrondis ; forment les
sites dĠattache des muscles vastes et du surtout fibreux de lĠappareil
ligamentaire dont les ailerons du genou.
La
face articulaire de la rotule comporte trois paires de facettes disposes de
haut en bas, elles entrent en contact de bas vers durant les phases de
droulement du mouvement : extension, lgre flexion et flexion maxima.
Les mnisques
Constituent la composante fibro-cartilagineuse
reposant sur les glnes tibiales.
Il
sĠagit de deux croissants dĠun cm de large, flexibles et dformables,
reposant tout prs des bords priphriques des plateaux tibiaux dont ils
augmentent relativement la profondeur.
Leur
degr dĠouverture est li lĠaspect des glnodes sur lesquelles ils
glissent: le mnisque latral voque un O ; le mnisque mdial est
plus ouvert ressemblant un C.
La
morphologie des mnisques reflte la discordance des glnes tibiales, le mdial
est plus ouvert, son grand diamtre est plus long, tandis que le latral est
plus ramass, ses cornes trop rapproches sont amarres aux pines tibiales.
Fig.11 |
Fig.12 |
Plasticit
et texture cartilagineuse permettent chaque mnisque dĠadapter sa forme la
convexit du condyle fmoral correspondant. Leurs cornes antrieures sont relies par un ligament transversal (ligament jugal).
Leur
priphrie est amarre la capsule articulaire (ligament coronaire), la rotule (ailerons rotuliens), au vaste interne et aux
ligaments croiss.
Le
segment postrieur du mnisque latral est rattach au fmur par un ruban
fibreux oblique qui croise le ligament crois postrieur. Quelques fibres du
muscle poplit renforcent cette attache postrieure, elles interviendraient
comme tracteur du mnisque latral.
Globalement,
ces amarres sont faites de faisceaux fibreux relativement lches ; elles
adaptent le glissement mniscal.
Ils
sont solidement fixs par leurs cornes : le latral la surface juxta
spinale, et le mdial aux aires pr et rtro spinales.
la position des condyles fmoraux.
La capsule articulaire
est un manchon fibreux insr distance de quelques mm des
surfaces articulaires. Elle est faite
de faisceaux de fibres orients dans tous les sens.
Son
aspect voque un cylindre parois antrieure et postrieure irrgulires. En
effet, la paroi antrieure est entame par lĠencastrement de la rotule ; la
paroi postrieure est profondment invagine travers lĠespace inter condylien
au point de se confondre avec les ligaments croiss.
Elle
sĠinsre sur le pourtour du plateau tibial ; son autre attache sur les
condyles fmoraux fait corps, dĠune part avec les origines des muscles
gastrocnmiens, et dĠautre part avec les insertions condyliennes des ligaments
croiss.
Il
sĠagit de larges bandes de tissu fibreux disposes en capuchons coiffant la
saillie postrieure des condyles. La coque latrale est relativement
mince, compare la mdiale dont lĠpaisseur est renforce dĠun ssamode.
Toutes deux sont souvent perces dĠorifices
faisant communiquer la cavit synoviale principale avec une bourse sreuse
sur laquelle glisse le tendon dĠun muscle adjacent : le jumeau latral
dĠun ct et le semi membraneux de lĠautre ct. LĠpaisseur
des coques est renforce dĠautre part par les attaches des muscles
gastrocnmiens et poplit, et par les expansions le tendon rcurrent du semi
membraneux |
Fig.13 :
aspect antrieur |
Fig.14 :
aspect postrieur |
Fig.15 :
vue latrale |
La
synoviale
La
prsente coupe para-sagittale montre la membrane synoviale (en rouge) tapissant la face interne
de la capsule (c) dont elle constitue la doublure sreuse. Son
talement exclue de la cavit articulaire proprement dite les mnisques, le
paquet adipeux du genou (d) et les ligaments axiaux. Elle se prolonge hors la
cavit articulaire par des culs de sac en doigt de gants dnomms bourses sreuses. La
plus volumineuse est la bourse sous-quadricipitale
(f) situe au-dessus du couple trochlo-rotulien, en sĠinsinuant entre la mtaphyse fmorale et le
quadriceps. Son extrmit libre est tracte par quelques fibres du muscle
crural, Son
rle consiste faciliter les dplacements verticaux de la rotule lors des
contractions du quadriceps. Trois
autres diverticules synoviaux sont constants : - la bourse sreuse infra-patellaire (e) comble lĠespace
compris entre le paquet adipeux et lĠinsertion du ligament
rotulien ; - les bourses sus-condyliennes (i), latrale sous le muscle poplit et mdiale sous le jumeau
interne. Chaque
articulation condylo-tibiale est subdivise en deux espaces, sus et
sous-jacent au mnisque correspondant. ____________________________________ a: tendon quadriceps /
b : tendon rotulien / c : capsule / d :
paquet graisseux / e : bourse
sreuse ant. f : bourse sreuse sous-quadricipitale / g : cavit articulaire h : coque condylienne / i : bourse sreuse poplite |
Fig.16 |
La figure suivante illustre la disposition de la
membrane synoviale dans le plan horizontal au-dessus du plateau tibial observ
de haut ; on note :
-
les renforcements capsulaires reprsents par les ligaments collatraux,
latral et mdial ; les coques condyliennes en arrire et le ligament
rotulien en avant ; -
le muscle poplit et le paquet graisseux du genou sont intra-capsulaires. -
lĠinvagination de la capsule cre une gouttire dans laquelle sĠinscrit le
pdicule vasculo-nerveux poplit (pp). -
La membrane synoviale (trac rouge) tapisse la face interne de la capsule ; -
ses replis inter condyliens forment une cloison sreuse mdio-sagittale
reliant, tel un piploon, les ligaments croiss et le paquet graisseux du
genou. Ces structures sont donc extra-synoviales, bien quĠelles soient intra
capsulaires ; il en de mme des mnisques. _______________________________ ca & cp :
ligts croiss ant. & post. / cc :
coques condyl. lat. & md cm & cm :
ligts collatraux lat. & md /. cs :
cavit synoviale / g : glne
tibiale / / m : mnisque mp :
muscle poplit / p : tte
pron / pg : paquet
graisseux / pp : pdicule
poplit syn :
membrane synoviale / tt :
tubrosit ant. du tibia |
Fig.17 |
LĠappareil
ligamentaire assure la stabilit du genou, il est reprsent par
quatre structures fibreuses trs rsistantes :
Un ligament antrieur (rotulien), deux collatraux
(tibial & fibularien) et deux postrieurs (croiss) :
Le ligament rotulien (1)
est lĠinsertion terminale du quadriceps. Long de 5 cm et large
de moiti, il sĠtend de pointe
de la rotule
la tubrosit antrieure du tibia. Il est spar de la cavit synoviale et du
plateau tibial par la bourse sreuse
infra patellaire (e) et le paquet graisseux du genou (d) (ÔligamentĠ adipeux).
Le ligament collatral tibial (2) est en forme de ruban ; il est tendu
obliquement de lĠpicondyle fmoral interne la face mdiale de la mtaphyse
tibiale. Il est constitu de deux couches :
- le faisceau profond est deltodien
qui est amarr par sa base la berge du plateau tibial et au mnisque mdial.
- le faisceau superficiel
croise la gouttire occupe par le tendon rflchi du semi membraneux
(b) ; il sera crois son tour par les tendons des muscles de la
patte dĠoie.
Il
peut rsister une force de 115 Kg/cm2, son longation atteindrait 12,5 %
avant de se rompre.
Fig.18 :
ligaments collatraux latral & mdial |
1 : ligt rotulien / 2 & 3 : ligts
collat. latral & mdial / b :
tendon rflchi du semi-membraneux c : tendon biceps & son expansion tibiale / d : paquet graisseux / e : bourse sreuse infra
patellaire / m : mnisque
latral |
-
Le ligament collatral fibularien (3) est par contre un gros cordon tendu
du tubercule du condyle fmoral la partie antro-externe de la tte du pron.
En sĠorientant vers la tte du pron reste loign de la face latrale du
condyle tibial et de son mnisque, son refoulement est d lĠinterposition du
tendon poplit.
Il envoie
une expansion vers lĠorigine du muscle tibial antrieur. Son segment proximal
est masqu par le muscle poplit, et plus bas par le tendon du biceps dont il
est spar par une bourse sreuse. Il est plus rsistant que le mdial, une
longation de plus du 1/5me de sa longueur entraine sa rupture.
- Les
ligaments croiss occupent le plan axial de lĠespace inter
condylien ; on les distingue dĠaprs leur insertion tibiale et leur
attache condylienne. Le ligament crois antrieur (ca) ou antro-latral est tendu de lĠaire
pr-spinale la face axiale du condyle latral. Sa direction est ainsi
oriente en haut, en arrire et en dehors.
- Le
ligament crois postrieur (cp) ou postro-mdial
relie la surface rtro-spinale la face axiale du condyle mdial. Sa
direction est donc inverse du prcdent, elle est oriente en haut, en avant et
en dedans.
Ils sont donc doublement croiss, de dehors en dedans et dĠavant en arrire.
Fig.19 :
Origines tibiales des ligts croiss |
Fig.20 :
attaches des ligts croiss en vues postrieure & antrieure, justifiant leurs dnominations de ligts
croiss antro-latral (LCAL) & postro-mdial (LCPM) |
La stabilit du genou rsulte de
lĠentrecroisement spatial des lments ligamentaires
1- LĠattache
fmorale des collatraux couvre le tubercule picondylien. Or, ce relief
ne correspond pas exactement au centre mcanique, lequel nĠest pas fixe en
raison de la projection postrieure des condyles fmoraux. En fait, il se
dplace durant les mouvements de flexion / extension en dcrivant une spirale (a-b) dont les
rayons de courbure (R) diminuent dĠavant en arrire (Fig30). Il en
rsulte un fait important : quand le centre mcanique se situe sur le
segment proximal de la spirale, ce qui est le cas lors de lĠextension, les ligaments
collatraux sont au maximum de leurs longueur et tension (B); tandis
quĠen flexion, le raccourcissement du rayon de courbure les relche (C), induisant
ainsi un certain degr de mouvements latraux, disposition observable chez le
sujet accroupi.
Fig.21 : lĠaspect latral du genou et ligt collatral fibularien pris comme
exemples. : A : a & b : extrmits proximale &
distale d la spirale dcrite par les centres mcaniques lors des mouvements
de flexion-extension. / R : rayons de courbure de la spirale ; B :
ligt lat. tendu en extension / C :
dtendu en flexion |
Fig.22 : croisement spatial
des ligts collatraux |
Enfin,
lĠobliquit spatiale des collatraux est inverse (Fig30b) : le ligament fibularien (LCF) est orient en bas et en arrire
vers lĠapophyse stylode du pron, tandis que le collatral tibial (LCT) se dirige en bas et en avant. Cet
entrecroisement sĠoppose aux mouvements de latralit.
2- Les ligaments croiss (antro-latral
et postro-mdial) constituent par leur solidit et leur situation un pivot
axial autour duquel sĠeffectuent en premier lieu les mouvements de flexion /
extension. A ce titre, ils assurent la stabilit du genou tout en freinent les
mouvements non inscrits dans leur plan.
- Ils sont croiss entre eux
dans le sens antro-postrieur, puisque lĠinsertion condylienne du ligament
postrieur est situe plus en avant que celle du crois antrieur.
- Ils sont croiss galement
dans le sens transversal, lĠattache tibiale du crois antrieur est situe la
limite de la surface pr-spinale. Cet entrecroisement disparat en cas de
torsion latrale du tibia, mais il est remplac dans ce cas par
lĠentrecroisement des collatraux.
- Enfin, lĠorientation de ces
derniers sĠimbrique avec celle des croiss, cĠest dire lĠantrieur se croise
avec le collatral fibulaire, le postrieur avec le collatral tibial.
- Leurs fibres constitutives
ne sont pas parallles, elles forment des faisceaux torsads dont le degr de
tension ou de relchement nĠest pas uniforme.
- Leur orientation change au
fur et mesure que leur tension tend vers sa limite, comme le suggre la Fig29 :
Il sĠagit dĠune vue
latrale du squelette du genou suppos transparent, travers lequel on apercevrait
lĠorientation des ligaments croiss en fonction n des amplitudes maxima de la
flexion et de lĠextension. Le
ligament crois antrieur (LCAL) est tendu au maximum en
extension, sa direction tend vers lĠhorizontale. ; sa tension atteint sa
limite en hyper extension, il contribue ainsi au verrouillage du genou tout
en prvenant la subluxation antrieure (Fig29-A). Par
contre, lĠorientation du crois
postrieur (LCPM)
tend se
verticaliser quand la flexion du genou atteint 120Ħ, amplitude au terme de
laquelle sa longueur et sa tension sont leur maximum (Fig29-B). Le
ligament crois postrieur intervient comme tel, en sĠopposant plus de
dplacement vers lĠavant, induisant ainsi la rotation des condyles. En fait,
il sĠagit dĠun mouvement pivot (comme celui de lĠarticulation
radio-cubitale) combin un roulement antrieur. |
Fig.23
A
B |
3- La
stabilit de la rotule
Physiologiquement, la rotule renforce le moment de la
contraction du quadriceps, son ablation le diminue tout en exposant le
cartilage de la trochle aux effets nocifs des frictions. Elle est mobilisable
manuellement quand le quadriceps est relch, le genou tant en extension.
LĠobservation dĠun clich des membres infrieurs de
sujet debout de face met en vidence le dcalage des axes longitudinaux du fmur et du
tibia; leur divergence est la consquence de lĠinclinaison latrale du fmur, lie
elle-mme la longueur du col fmoral.
Cette
obliquit est sans effet sur le paralllisme des tibias, elle est neutralise
par la morphologie du condyle mdial dont le ple dĠappui sur la glne tibiale
descend dĠune quinzaine de mm plus bas que celui du condyle latral.
Cette
disposition axiale est dnomme genu
valgum, quivalent du cubitus
valgus not au niveau du coude. Elle
est qualifie de physiologique tant quĠelle reste dans les limites dĠune
dizaine de degrs. On
lĠobserve aisment chez le sujet couch plat ventre, la flexion maximum du
genou oriente le talon vers lĠaxe de symtrie du corps, au point de toucher
la tubrosit de lĠischion. La
consquence directe de cette dsaxation porte principalement sur la rotule
dont lĠadaptation la trochle est anatomiquement instable. En effet, un
clich du genou en incidence passant par lĠinterligne trochlo-patellaire (Fig04) montre
lĠaplatissement relatif de la joue latrale de la trochle fmorale,
condition prdisposant la rotule une subluxation latrale. |
Fig.24 :
trac des axes fmoral & tibial |
Fig.25 :
la hauteur du condyle fmoral mdial ÔhorizontaliseĠ lĠinterligne fmoro-tibial. |
- Cependant, ce risque est neutralis
par le tonus des muscles vastes dont les insertions couvent principalement les bords suprieur et
mdial de la rotule. Le risque de subluxation est rel en cas de paralysie ou
dĠhypotonie du vaste interne (VM), combine aux effets dĠun genu valgum
dĠamplitude suprieure 10Ħ.
Fig.26 :
la tendance la subluxation latrale de la rotule. |
Fig.27 :
incidence fmoro-patellaire |
Fig.28 : le sens des
tractions dveloppes par les vastes
latral et mdial stabilise la rotule sur la trochle. |
4- Dynamique mniscale
Les mnisques,
amarrs par leurs cornes, sont soumis des dformations qui les adaptent aux
condyles en mouvement. Leur rle mcanique est important :
- Ils absorbent une part de la
charge applique sur les surfaces articulaires. A cet gard, ils appliquent leur
concavit au contact de la zone dĠappui des condyles fmoraux ; cĠest
ainsi quĠils se dplacent vers lĠarrire en flexion et vers lĠavant en
extension.
- Enfin, ils contribuent
lĠtalement et la dispersion du liquide synovial, lubrifiant et protecteur du
cartilage articulaire.
- Ils se comportent en cales,
moyen de prvenir le risque de dpassement des limites des cavits glnodes.
La
Fig.19 met en vidence le risque
de lsion mniscale : -
A : En position dĠextension normale du genou (fmur en pointill),
les mnisques
(a)
forment une
sorte de cale entre la berge antrieure de la glne tibiale et les condyles
fmoraux. -
Ils gardent le contact avec ces derniers pendant la flexion en glissant vers
le centre de la glne (b). - B : En cas dĠune extension brusque (lors du passage rapide de
la position accroupie la position debout ou en donnant un coup de pied, par
ex.), la rapidit du mouvement surprend le mnisque qui nĠa pas le temps de
reprendre sa position normale. Il en rsulte sa compression ou son crasement
par le condyle fmoral
(c). |
Fig.29 |
5 - Enfin, la stabilit du genou dpend
galement de la bonne rpartition des charges. Cette condition est propre la station
debout au cours de laquelle les ligaments et les coques condyliennes sont
tendus au maximum. Par contre, lĠattitude en flexion est instable, le
relchement de la capsule et la rduction des surfaces en contact, crent une
surcharge sur ces dernires, principalement quand le membre est porteur (sujet
accroupi ou montant les escaliers); il en est de mme dans les suites dĠune
mniscectomie qui concentrent la surcharge sur les aires en contact direct.
Mcanique articulaire
Le
genou dveloppe principalement des mouvements de flexion/extension, encadrs
par une rotation axiale de faible amplitude dont la signification sera prcise
plus loin. Plusieurs faits sont considrer :
1-
Le condyle mdial (Fig.26) observ de face est plus long que le latral,
lĠexcs de longueur porte sur son segment juxta trochlaire (ed) dont
lĠaxe est incurv latralement.
2-
Les diamtres tibiaux sont ingaux ; celui de la glne mdiale (g2-g3) dpasse de prs du quart son
homologue latral
(gĠ1-gĠ2). Il en est de mme des diamtres
fmoraux (c1-c3 / cĠ1-cĠ2), lĠexcs de longueur du condyle
mdial (c2-c3) est gal celui de la glne
correspondante.
Les
diamtres antro-postrieurs des glnes tibiales (fig.33) et des condyles fmoraux (fig.34) qui entrent respectivement en
contact lors des mouvements de flexion/extension, sont reprsents par des
lignes rouges et mauves.
Fig.30 |
Fig.31 |
Fig.32 |
3- Cependant,
ces segments en excs diffrent par leur orientation, le glnodien est rectiligne,
tandis que le condylien est oriente latralement.
4- Le
grand diamtre des condyles tant plus long que celui de des glnes, tout
dplacement par roulement aboutirait une subluxation. Il est donc vident
quĠun autre mode de dplacement doit entrer en jeu.
En
effet, sĠagissant des condyles assimilables deux roues-arrire, leur
roulement doit tre interrompu par de
brves squences de patinage, ralisant ainsi lĠadaptation des
condyles aux dimensions des glnes.
5- Ce
mode de dplacement est satisfaisant pour ce qui est du condyle latral. Or, lĠingalit
des condyles fait que ce dernier arrive en bout de piste plus tt que son
homologue mdial, auquel il reste un bout de chemin glnodien
parcourir ; moment critique o la tension des ligaments croiss se
manifeste en bloquant toute progression vers lĠavant.
CĠest
cette situation de blocage qui induit le mouvement de rotation axiale du fmur ou
du tibia.
Considrons
le droulement du mouvement dĠextension dĠun genou droit, le pied tant en
appui au sol, cĠest dire que ce sont les condyles fmoraux qui se dplaceront
sur les plateaux du tibia. Les
condyles fmoraux dmarrent leur dplacement sur les glnes tibiales
dĠarrire en avant en adaptant progressivement leur enroulement aux grands
diamtres des glnes, comme le feraient les roues de train sur des rails. Quand
le condyle latral (cĠ1-cĠ2) a termin sa course, le mdial - tant plus long - aura encore
parcourir une distance dĠune douzaine de mm (g2-g3) gale celle de son segment
inclin (c2-c3).; il ne pourra le faire
quĠ condition de corriger sa dviation. A
ce stade, condyles fmoraux et glnes tibiales sont orients sagittalement
dans le sens indiqu par la flche AAĠ. |
Fig.33 |
La
rotation axiale a pour but dĠune part dĠaligner lĠinclinaison du segment
condylien (c2-c3) dans le sens de son homologue glnodien (g2-g3) qui est rectiligne ; et dĠautre part
de verrouiller le genou en extension avec le minimum de dpense dĠnergie
musculaire.
Fig.34 |
CĠest
le fmur qui effectue cette rotation axiale ans le sens mdial, dĠune
amplitude dĠune vingtaine de degrs. Cette
rotation fmorale est suggre par lĠorientation de la flche BBĠ. A
ce stade, la tension du ligament crois antrieur et la position du genou en
extension sont leur maximum, le genou est stabilis, jusquĠau dmarrage
dĠune flexion, qui dclenche le dverrouillage du genou par une rotation
fmorale dans le sens latral. JusquĠici,
rotation fmorale en fin dĠextension ou en dbut de flexion suppose le tibia
fixe, en charge. Cependant, le mme phnomne a lieu en sens inverse dans le
fmur est fixe et le tibia en oscillation durant la marche par ex. Enfin,
La rotation sĠaccompagne dĠun dplacement des
mnisques, lĠun en avant pendant que lĠautre glisse vers lĠarrire. |
La
mcanique articulaire est domine par la stabilit du genou en position debout.
Cette particularit se traduit par le verrouillage des surfaces articulaires en
contact en fin dĠextension ou en dbut de flexion. Ce mcanisme est initi par
la rotation axiale du fmur ou du tibia selon que le membre est en appui au sol
ou en oscillation.
Les muscles
mobilisateurs du genou
-
Le quadriceps est le principal muscle extenseur, ses
quatre chefs y contribuent des degrs divers, dont le vaste mdial qui
renforce la stabilit de lĠarticulation en prvenant la subluxation de la rotule. -
La ligne de gravit qui descend le long du squelette du
membre infrieur passe par le centre mcanique du genou (cm). Les mouvements dans le sens
antro-postrieur obissent cette disposition qui fait quĠun levier
musculaire situ en arrire de
cette ligne est flchisseur, cĠest le cas des muscles ischio-jambiers ;
tandis que le quadriceps et le tractus ilio-tibial sont extenseurs en raison
de leur situation en avant de cette ligne. En effet, ils se terminent
respectivement sur la tubrosit antrieure du tibia (ta) et sur le tubercule de Gerdy (tg). -
Le fait quĠil y ait deux muscles pour une seule fonction se
justifie par le besoin dĠconomie dĠnergie susceptible dĠtre consomme par
lĠnorme masse musculaire du quadriceps au cas o le sujet reste debout
pendant un laps de temps. LĠintervention en relai et par intermittence du du tractus ilio-tibial contribue cette conomie et en
moins de fatigue. |
Fig.35 |
- LĠamplitude
de la flexion est limite 130Ħ en raison du contact des masses musculaires,
jambe contre cuisse. Cette amplitude augmente en position accroupie. Cependant,
la flexion utile est de 90Ħen moyenne.
Elle est assure par le concours de
nombreux muscles dont la particularit (except le court biceps) est
dĠtre trans-fmoraux : ce sont les muscles ischio-jambiers, ceux de la patte
dĠoie, sartorius et gracile auxquels il convient dĠadjoindre t les deux
gastrocnmiens.
-
Les muscles rotateurs se manifestent en fin dĠextension et en dbut de flexion :
les muscles poplit et semi-membraneux
sont les lments moteurs de la rotation fmur et du tibia.
Rapports
gnraux LĠarticulation du genou est expose, nĠtant
recouverte sur les faces antrieure et latrales que par les tguments et les
structures fibreuses appartenant
la rgion rotulienne. La face postrieure, par contre, est profondment masque par le
contenu de la rgion poplite (origines du triceps sural, les
ischio-jambiers, le pdicule vasculo-nerveux et le tissu celluleux de
rembourrage La Fig20
reprsente la tranche distale dĠune coupe transversale du genou droit passant
par le bord suprieur des condyles fmoraux. NĠy figurent pas : la capsule articulaire, la
synoviale, les culs-de-sac sac synoviaux et les ailerons rotuliens.
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Fig.36 |
1 :
ligt rotulien / 2 : vaste
latral / 3 : couturier / 4 : gracile / 5 & 5Ġ : jumeaux mdial &
latral / 6 : demi-membraneux
/ 7 : demi-tendineux / 8 : plantaire grle / 9 : biceps / 10 : vaste latral a & aĠ : coques condyliennes mdiale et latrale / b :
ssamode / c : artre
poplite / cm : condyle
mdial / cl : condyle latral
/ d : veine poplite / e : sciatique poplit interne f : sciatique poplit externe / g : troncs des artres et veines
des jumeaux / h : veine
saphne externe / i :
aponvrose poplite / j :
tguments / R : rotule. |
Fig.38 : vue postrieure / Biceps
& Demi-tendineux |
Fig.39 : vue postrieure /
plan profond |
Fig.40 : vue mdiale :
muscles de la patte dĠoie |
b1 & b2 :
chefs fmoral & ischiatique du Biceps / cap : insertion poplite de la capsule / cl & cm : ligts collatraux latral & mdial / ccl & ccm : coques condyliennes lat. & md. gr : muscle gracile / m : muscle demi-membraneux / m1 : tendon direct / m2 : tendon rflchi / m3 : tendon rcurrent /
sa : sartorius / st : semi-tendineux
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Durant
les premiers stades de dveloppement, le genou est subdivis par un septum synovial
(ss) sagittal.
Cette
cloison sreuse est un reliquat embryonnaire, tmoin du dbut du
dveloppement, stade au cours duquel le genou tait form de deux
articulations condylo-tibiales distinctes, pourvues chacune dĠune synoviale
et de ligaments collatraux dont les axiaux sont devenus ligaments croiss. Le
bord suprieur du septum est attach par sa moiti postrieure
lĠchancrure, tandis que la moiti antrieure est libre entre cette dernire
et le sommet de la rotule. Une
perforation se dveloppe progressivement en avant du ligament crois antrieur
(ca), subdivisant ainsi le septum en une part qui enveloppera le paquet
graisseux (pg), et une part au sein de laquelle se dvelopperont les
ligaments croiss. |
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ca : ligt. crois ant. /
cp : ligt. Crois post. / g : glne tibiale / lcl : ligt. collat.
latral / lcm : ligt. Collat. mdial / m : mnisque / pg :
paquet graisseux sp : septum synovial / syn. : membrane synoviale /
<---> : perforation septale |